Prélude - Chapitre 1: Reddition

Publié le par Dragoun Lou

Série : CSI New York – Les experts Manhattan

Histoire : Danny et Lindsay emménagent ensemble pour fêter leur un an de couple. Don en souffre car il aime secrètement son meilleur ami. Rien ne va plus entre eux.

Genre :  Romance / Slash

Statut : 10 chapitres – Terminée

Rythme de parution : un chapitre par semaine


Public : Tout public.



 

Prélude.

 

Chapitre 1 : Reddition.

 

Enfoncé dans le canapé, Don sirotait un énième verre, distillant déjà ses nombreux frères ingurgités tout au long de cette abominable soirée. L’ironie de la situation empêchait la dose conséquente d’alcool qui circulait dans ses veines, de faire son office. Imbibé jusqu’à l’os mais le cerveau dégrisé, cet état étrange lui apportait une étonnante lucidité. Après une dernière gorgée, il posa le cadavre vide sur la table du salon en prenant garde de ne pas y apposer une auréole. Une tâche pour son inauguration aurait été très malvenue.

Sourd aux babillages des invités, il hochait la tête pour feindre son intérêt à la conversation et se donner une contenance. Il se plongea dans ses souvenirs, se remémorant avec précision ses défaites successives qui l’avaient conduit à célébrer ici et maintenant sa totale reddition.

 

Sa première et plus grave erreur avait été de tomber amoureux de son meilleur ami. Ses sentiments avaient lentement évolué pendant ces années de complicité. Tous leurs moments partagés s’emboitaient comme les pièces d’un puzzle. D’abords éparses, il lui avait été difficile de les mettre bout à bout, redoutant ce que l’image finale allait lui dévoiler. Malgré sa peur, son dégout de lui-même d’être attiré par un homme et pas n'importe lequel, la réalité s’imposa à lui aussi surement que le tranchant de la guillotine sur le cou du condamné. Il aimait Danny, d’un Amour avec un grand A : exclusif et absolu. L’acception de ce qu’il éprouvait, ne l’avait pas pour autant soulagé.

S’il ne se mentait plus, il devait désormais le faire avec les autres. Il ne pouvait en parler à personne, surtout pas au principal concerné. Il avait beaucoup trop à perdre et si peu de chance de gagner. Et gagner quoi ? Danny était hétéro de toute façon. Alors des deux maux, il avait choisi le moindre préférant se taire pour rester prés de lui, plutôt que de l'ouvrir et sacrifier ses derniers espoirs.


Résigné, c’était à cette époque qu’il avait érigé un masque derrière lequel il se réfugiait : celui de Flack, le flic intègre et garçon sympa à qui on faisait confiance. Le charisme et l’apparente force qu’il dégageait, dissimulaient à la perfection cette souffrance qui le rongeait, le détruisant peu à peu. D’ailleurs, il le portait avec brio ce soir. L’illusion était parfaite.


Sa deuxième erreur, il l’avait commise à l'arrivée de Lindsay. Le départ d’Aiden ne l’avait pas surpris. Trop entière, elle n’avait pas supporté que le système ait encore une fois profité à l’un de ces détraqués. Mac l’avait remplacée en un temps record. Nécessité du service obligeait. Et il avait fallu qu’il la choisisse : elle.


Quand elle s’était présentée au bureau, l’évidence l’avait frappé. Quelconque, elle allait plaire à Danny. Ses préférences ciblaient les filles sages et propres sur elles comme elle. Il avait vu juste, sa banalité avait attiré son regard. Il faut dire qu'elle dénotait franchement dans cette équipe, entourée par les écrasantes personnalités qui régnaient sur un labo austère, la sienne, celle de Stella ou encore de Mac. Elle avait réussi à y faire son trou grâce à cette fraicheur discrète privilégiant les concessions au conflit direct. Elle l'avait eu aussi. Il appréciait la femme de l'homme dont il était fou.

A simulateur, il ajoutait masochiste. Risible si cela n’avait pas été aussi tragique et pathétique.

Son ultime erreur avait été de croire que Danny se jouait d'elle. Il était à jeun depuis quoi : un mois, et elle, elle n’était pas aussi insensible qu’elle le laissait paraitre à ses stratégiques avances. Ses « Montana »  railleurs transpiraient l'intérêt qu'il lui portait. Ils devenaient d’ailleurs de plus en plus amicaux pour finalement s’effacer devant un prénom savamment prononcé. Séduire était une seconde peau chez lui. Il allait la baiser jusqu'à ce qu'il en soit lassé tel était son mode de fonctionnement. Il voyait la vie comme une chandelle préférant la brûler par les deux bouts vivant à fond chaque seconde plutôt que de mourir à petit feu agonisant de solitude. Il y avait suffisamment de filles sur terre pour ne pas se prendre la tête avec l'une d'entre elles. Quand il sentait le vent tourner, il ne fuyait pas les complications, il les tuait dans l'œuf par une rupture nette et définitive. A sa décharge, ses conquêtes étaient toutes prévenues, mais qu'à cela ne tienne, elles pensaient être la bonne, celle qui le ferait changer. Pauvres folles !
 

Il avait attendu que Lindsay en fasse les frais. Mais les jours puis les semaines s'écoulant, le doute s’était insinué dans ses certitudes. Il l’observait la suivre du regard dés qu'elle rentrait dans son périmètre, écoutait ses excuses bidon annulant leurs sorties entre potes pour rester auprès d'elle. Lentement, ils officialisaient tacitement leur liaison, et ça, Danny ne l'avait jamais fait pour aucune autre. Quand il est parti la rejoindre pour la soutenir lors du procès dont elle était le principal témoin, seule rescapée d'un massacre sordide perpétré dans sa jeunesse, il comprit. Elle n’était pas un numéro de plus sur sa liste, mais celle qui y mettait un terme. Il ne la sautait pas, il lui faisait l'amour. Elle, il l'aimait. Et là, ils emménageaient ensemble.


Que Danny soit dans d'autres bras que les siens, il le supportait car son cœur restait libre de leur emprise. Mais maintenant, qu’elle y avait élu domicile, lui n'avait plus rien. Il n'était plus rien. Et il avait eu mal comme jamais.

 

— « Cet appart est vraiment génial, tu as été voir la petite terrasse sur le balcon, Don ?
— Pas encore, je préfère rester au chaud.
— Allez, viens, la vue est superbe.
— L’aperçu que j’en ai d’ici suffit à me convaincre. Stella, c'est pas beau d'être jalouse, s'efforçait-il de rire.
— Quoi !? Mais non....c'est vrai que je suis toujours à la recherche d'un logement, de là à squatter ici...
— Je ne crois pas que les tourtereaux apprécieraient que tu viennes leur tenir la chandelle fanfaronnait Adam. »

 

Ils étaient tous réunis pour leur pendaison de crémaillère qui marquait aussi leur première année de couple. Un an déjà et combien d'autre à tenir encore. 23 H 00 sonnait à la petite pendule. Il sentait qu’il devait partir sans quoi il n’était pas certain de se contrôler. L’alcool gagnait la partie finalement, le show n’avait que trop duré, le masque risquait de se fissurer.

— « C’est pas que…, mais je me lève tôt demain. Je vais y aller.
— Avec ce que tu as descendu, tu vas y arriver.
— Ne t’inquiète pas pour moi papa, je connais le chemin.
— Je n’ai pas dit ça, rétorqua Danny, vexé de ce surnom ridicule. Il était casé, certes, mais ce n’est pas pour autant qu’il avait pris un coup de vieux.
— J’avais compris, et oui je suis encore suffisamment clair pour prendre un taxi. Je vous laisse entre scientifiques. »


Après un bref et réciproque au revoir, Don tira sa révérence avec un empressement qui laissait Danny songeur, il n'était pas le seul.

— « Eh beh ! Y’avait pas le feu pour qu’il parte si vite.
— Il reprend son poste à 8 H 00, c’est pour ça.
— Quand même, rah ! Ces flics : aucun savoir vivre, heureusement que les experts sont là pour relever le niveau. Je te rassure, je reste jusqu’à la fermeture, moi.
— T’es sympa, Adam, compte sur moi pour te mettre à la porte en temps voulu.
— On se calme les garçons, où je vais devoir sévir, surenchérit une Lindsay rayonnante. »


La joyeuse troupe leva finalement le camp vers 2H00 du mat, non sans quelques allusions grivoises. Sheldon dut même museler de sa main un laborantin déchaîné pour couper court à ses réflexions salaces. Don n’allait pas être le seul à avoir mal aux cheveux.

Mort de rire, Danny referma et verrouilla sa porte. Il apprécia ce calme retrouvé. Le bazar qui régnait, vestige de la petite fête, lui fit prendre conscience de sa chance. Il était tout simplement heureux. Lindsay, sereine elle aussi, commençait à débarrasser.

— « J’suis vannée.
— On rangera demain, tu viens, on va se coucher ?
— Je te suis. »

Sur le chemin de leur chambre, elle laissa échapper une remarque.

— « Il avait encore son drôle de regard.
— Qui ça ?
— Don.
— Oh! je vois pas comment j'aurais pu le rater. Il était complètement perdu dans son monde.
— Qu’est-ce qu’il a ?
— Si je le savais…pas moyen qu’il crache le morceau.
— Il m’inquiète, ça fait un moment que ça dure et j’ai l’impression que ça a empiré.
— J’essaierai encore de lui parler. Je ne te garantis rien, il est plus têtu qu’une mule.
— D’une mule à une autre, je suis persuadée que vous arriverez à communiquer.
— Ah ! Ah ! Très drôle, j’irai le voir, promis. Mais pas maintenant, là tout de suite, j’ai autre chose en tête. »

 

Sans lui laisser le temps de répliquer, il souleva sa compagne à bout de bras pour la jeter sur leur lit. Il s’arrêta un instant pour la contempler avant de fondre sur elle. Qu’elle était belle. Loin de s’offusquer de ces préliminaires un peu musclé, Lindsay attira son homme encore plus près adorant le sentir peser sur son corps. Une paire de lèvre butinant son cou, elle se tortilla pour faciliter la progression d’une main douce qui remontait sa jupe et caressait ses cuisses. Bientôt, leurs gémissements s’amplifièrent, scellant une nouvelle fois leurs sentiments dans ce qui était désormais leur chez-eux.


Dans une autre chambre, ce n’était pas le brasier de la passion mais la morsure du froid des draps glacés qui accueillit Don. Il ne prit pas la peine de se déshabiller se contentant de se mettre à l’aise. Il retira sa cravate, desserra les crans de la ceinture puis les boutons de son pantalon et balança ses chaussures à l’autre bout de la pièce. Il s’affala sur le lit pour s’emmitoufler dans la couette. Sa dernière pensée semi-consciente avant de sombrer dans un sommeil sans rêve fut pour cette fichue météo. Pour une fin septembre, le mercure flirtait déjà avec le 0°C, l’hiver promettait d’être rude.


Octobre puis novembre avaient filé comme l’éclair. Don s’ingéniait avec un certain talent, à ne croiser le couple star des experts que le strict minimum. Quand l’un ou l’autre était chargé d’un de ses dossiers, il énonçait d’une voix égale les éléments recueillis auprès des premiers témoins. Il ne se permettait aucune incartade, rien ne devait filtrer en dehors du travail. Danny avait bien essayé de lui parler entre deux relevés d’empreintes mais il l’avait vertement remis à sa place. Les scènes de crime n’étaient assurément pas le lieu propice pour les discussions personnelles.


Pour éviter de se retrouver autour d’un verre après le boulot, il s’était inventé de nouvelles obligations comme une petite-amie. Il avait sorti cette connerie à Lindsay quand celle-ci l’avait coincé en salle de pause. Il espérait avoir gagné la paix mais son mensonge s’était retourné contre lui. Elle voulait la rencontrer pour faire des sorties à quatre. Rien que ça. Depuis son dernier refus, elle semblait enfin avoir saisi le message, elle ne l’avait plus relancé.

A suivre…

Le prochain chapitre s’intitule : Face à Face

Dragoun Lou

Publié dans Prélude

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