Poussières d'étoile - Partie IV

Publié le par Dragoun Lou

Poussières d'étoile
IV

Rendu à son appartement, Duncan déposa sur la console de l’entrée la clé de son Alpha Roméo ainsi que sa montre. Il desserra sa cravate d’une main tout en délassant ses chaussures de l’autre. Il circulait toujours pieds nus dans son immense duplex tout de béton bardé d’acier. Le volume et le dépouillement étudié de la décoration à tendance japonisante lui apportait un calme bienvenu. Il se ressourçait dans ce sanctuaire après ses longues journées laborieuses.

Malgré l’heure tardive et la fatigue accumulée, le sommeil le fuyait. Il alluma sa télévision pour décompresser devant une stupidité. Au hasard du zapping, il s’arrêta sur une chaine musicale. Un type aux cheveux gras, vêtu en tout et pour tout d’un caleçon et de converses lamées or, s’égosillait we are golden* en se trémoussant comme un possédé dans une chambre remplie de jouet. Ce spectacle laissa Duncan dubitatif. N’y accordant qu’un vague intérêt, il se massa les tempes. Son esprit se focalisa rapidement sur l’événement marquant du jour : Gabriel.

Le revoir en chair et en os après toutes ces années avait été une expérience plus qu’une épreuve. S’y étant minutieusement préparé, il avait pu accuser le coup et gérer ses émotions. Comment aurait-il réagi si leurs retrouvailles  avaient vraiment été le fruit du hasard ? Probablement qu’il l’aurait agonie d’injures peut-être même l’aurait-il cogné. Pareil à une explosion volcanique, il aurait lâché d’un coup tout le ressentiment et la haine qui sourdaient en lui. Il serait alors retourné à sa vie, apaisé. A l’instantané dévastateur, il avait préféré le goutte-à-goutte moins spectaculaire mais d’une délectable lenteur.

D’ailleurs, pour la mise sous perfusion, il s’était surpassé. Jamais il n’aurait cru être un si bon acteur. A l’abri derrière son masque de froid calculateur, il savourait encore, - oh ça oui ! -  l’impact de ses mots, de ses attitudes sur son cher vieux camarade. Il n’avait pas trop changé physiquement, élancé et svelte avec un faux air d’adolescent attardé. Le con, il semblait même heureux de son sort. Garçon de course qui l’eut cru ! Duncan jubilait de cette infortune lui qui s’enorgueillait de sa réussite. Il avait bossé dur pour devenir ce qu’il avait toujours voulu être : un talentueux avocat blindé de thunes.
 
A sa grande satisfaction, il arrivait à déchiffrer les réactions de Gabriel sans peine comme à l’époque : la surprise, la peur et la cerise : l’ombre d’un remord. Cela l’étonnait qu’il puisse éprouver un tel sentiment. Après tout, c’était bien lui qui avait organisé son passage à tabac. Jonathan et sa clique s’étaient fait un plaisir de le lui dire avant de l’emmener à l’écart et de le lui répéter aussi pendant qu’ils le frappaient. En constatant que celui qu’il considérait comme son meilleur ami ne ferait rien pour l’aider, il avait dû admettre cette horrible vérité. Il l’avait abandonné sans sourciller.

Cette image de Gabriel le regardant partir entrainés par ces trois malabars avait laissé une empreinte indélébile sur son âme, celle de la trahison. Du fond de son lit d’hôpital puant l’antiseptique, il l’avait pourtant attendu pour lui montrer que sa plus belle œuvre : son visage tuméfié et ses bras bandés, n’était qu’un retentissant échec. Il lui aurait alors dit qu’il l’effacerait de sa mémoire à mesure que les ecchymoses disparaitraient de son corps. Quel plus terrible châtiment que l’oubli pour un artiste ? Il l’aurait alors fait jeté dehors par son père ou un quelconque infirmier afin de le rayer définitivement de sa vie.

Les jours passant, il s’était résolu. Son scénario, élaboré sous calmant, ne se réaliserait guère que dans son imagination. Et encore. Gabriel n’était pas venu. La réalité s’imposa à lui, cruelle. Leur amitié n’avait jamais compté.

En reposant le verre qu’il s’était servi sans même l’avoir bu, ses manches relevées dévoilèrent les cicatrices que Duncan avait gardées. Elles avaient blanchies, s’étaient affinées mais ces immondes stries restaient visibles. Elles lui renvoyaient à chaque fois la douleur et surtout la terreur ressentie sous la morsure de ses fers. Ce rappel imprimé dans sa chair l’avait privé de cet oubli. Gabriel avait réussi finalement. Enfin jusqu’à maintenant...

L’avocat se ressaisit, s’interdisant ses digressions contreproductives. Il aurait autant de pitié que Gabriel en avait eu jadis pour lui c’est-à-dire aucune. Fort de la légitimité de sa revanche, il était confiant quant à son succès. Le livreur avait su se tenir malgré les circonstances. Il n’aurait aucun mal à faire ce qu’il exigerait de lui. Gabriel n’était rien d’autre qu’un outil à disposition pour servir ses intérêts, outil qu’il maitrisait et qu’il jetterait après l’avoir bien utilisé, mieux : abimé.

Dans un autre quartier, un jeune homme se retournait dans son lit, incapable de s’endormir. Si au lycée, se taire lui avait semblé être la meilleure solution pour ne pas envenimer la situation, avec le recul, Gabriel avait eu honte de son comportement aux conséquences tragiques. Son inaction l’avait rendu complice de ce déferlement de haine. Que s’était-il réellement passé sur le chantier ce jour  là ? Même s’il l’ignorait, il se sentait responsable. Toutes ses questions remisées dans un coin de sa conscience revenaient le harceler. Cette culpabilité latente avait aujourd’hui un visage adulte, une voix froide, une présence qui la renforçaient.

Dun’, l’ado jovial ne subsistait guère que dans son souvenir.  L’avait-il vraiment tué, comme Duncan le lui avait si vertement déclaré ? Qui était-il à présent? Qu’avait-il imaginé pour lui faire payer se lâcheté ? Son immaturité d’hier n’était qu’une piètre excuse, elle ne pèserait pas bien lourd dans la balance. Ne connaissant pas ou plus son adversaire, Gabriel naviguait à vue dans un épais brouillard de conjectures, de remords, de regrets. Une seule certitude : il risquait de tout perdre.

Paradoxalement, solder les comptes pour tirer un trait définitif sur toute cette histoire était une idée séduisante. Mais la grande scène du pardon, on efface tout et on recommence, il n’y croyait déjà pas dans les films alors dans la réalité… Il verrait bien quel sort, Duncan  lui réservait. Il y ferait face. Ce n’était pas comme s’il avait le choix de toute façon.

****

Deux semaines, et toujours rien, pas un signe, nada, que dalle, niente, l’avocat ne s’était toujours pas manifesté. Le laisser se morfonde à élaborer les pires scénarii, c’était peut-être ça, sa vengeance. Gabriel commençait à le penser très sérieusement. Se sentant constamment épié, il ne pouvait faire abstraction de l’épée de Damoclès suspendue au dessus de sa tête, prête à le fendre en deux selon le bon vouloir de son maitre.

Cette paranoïa l’empêchait de vaquer à ses occupations sereinement. Il ne parvenait plus à se concentrer pour écrire. Pour la première fois, il accusait du retard dans ses piges. Sa critique sur le roman policier n’avançait pas. L’excellente intrigue l’avait tenu en haleine de la première lettre au dernier point. Il s’était reconnu dans les affres de ce flic, obligé de fouler aux pieds ses principes pour se défaire des griffes d’un usurpateur assassin. Leur face à face magistral jusqu’au dénouement tragique et amoral l’avait chamboulé. Ce n’était pas un excès de sensiblerie, mais en s’identifiant à lui, Gabriel avait superposé sa propre histoire avec Duncan dans la peau de l’ennemi. Il espérait pour lui, pour eux deux d’ailleurs, un final moins terrible.

Il bouclerait ce commentaire parce qu’il s’y était engagé. Cependant, sachant qu’il n’aurait pas la disponibilité d’esprit nécessaire pour remplir correctement sa part du contrat, il avait décidé de refuser de nouveaux travaux.

Après le dessin, voilà que Monsieur Pritchett lui volait ses mots constata-t-il avec un petit pincement au cœur alors qu’il mettait son alias virtuel Sir Nobag, en vacance sur plusieurs de ses sites fétiches.

Au restaurant, il parvenait encore à donner le change. Max se doutait bien de quelque chose mais s’abstenait de toute remarque. Gabriel lui en était reconnaissant. Il fut presque soulagé quand il reçut le bon de sa dernière livraison de la soirée chez un certain cabinet Simon. Il allait être fixé.

La même heure, le même endroit, la même commande, le même client, tout était pareil et tellement différent. Au moment de frapper à la porte du bureau, il se demanda s’il devait jouer le jeu jusqu’au bout en sortant sa réplique du parfait coursier. L’autodérision pour s’insuffler un peu de courage ou se donner une contenance, il hésitait sur la conduite à tenir dans un pareil moment.

Il prit sur lui, inspira profondément et franchit le seuil sans faillir.

« Bonsoir, je suis Gabriel. Je vous apporte votre commande du Thobby. »

Il effectua les gestes comme la dernière fois, en posant les boîtes de nourriture sur un coin du bureau. L’autre le laissait faire, l’observant, un rictus amusé aux lèvres.

« Seize euros, s’il vous plait. »

Le silence retomba, inconfortable. Duncan rompit alors leur contact visuel mais resta muet. Il griffonna quelques phrases sur un bout de papier qu’il tendit en même temps qu’un billet de vingt euros.

« Tu iras à cette adresse, commença-t-il. Je t’ai marqué le jour et l’heure. Tu n’auras qu’à donner ton nom à la réception, finit l’avocat retournant déjà à ses dossiers. »

Avec une nonchalance calculée, il signifiait au livreur qu’il pouvait disposer. Il se serait adressé à son larbin qu’il n’aurait pas agi différemment.

Gabriel se trouvait très con à attendre des explications qui manifestement ne viendraient pas. Obliger de s’abaisser à demander, était-ce cela qu’attendait Duncan ? Dans quel but ? Au-delà de l’humiliation, que lui réservait-il de pire ?

La note indiquait un hôtel trois étoiles dans lequel il devait se rendre mercredi soit le surlendemain à 19 H 00.  Il fallait qu’il sache pourquoi mais loin de se résigner à poser directement la question, il alla à la pêche aux informations de manière plus détournée. Il ne céderait pas si facilement, il se l’était juré.

« Je bosse ce soir-là, objecta-t-il. Je ne pourrai pas me présenter à ce rendez-vous. »

Etonnement, la réponse ne se fit pas attendre. Une voix claquante le rappela à l’ordre, son propriétaire n’était pas tombé dans le piège.

« Parce que tu crois que je te laisse le choix, lui fit-il remarquer.
— Et si je viens pas ? osa-t-il demander. »

A ce moment là, Duncan releva la tête et le darda à nouveau de ses lames de glace.

« Je ne pense pas que tu aies bien conscience da ta situation, Gabriel. Tu n’es pas en position de marchander quoi que ce soit, asséna-t-il vertement.
— Sinon quoi, le brava-t-il encore ?
— Tu tiens vraiment à ce que j’aille trouver ton patron pour l’avertir que sous cette apparence irréprochable, tu n’es qu’un lâche doublé d’un salaud ?
— Je t’interdis de le mêler à ça !
  Mais écoute-toi : « je t’interdis de le mêler à ça ». Tu n’as que ce job minable à défendre, tu fais pitié. Et puisqu’il compte tant que ça, je pourrai tout aussi bien ternir la réputation de ton si précieux Thobby. Faire un esclandre sur un produit avarié en pleine salle devant tout le monde, c’est une bonne idée, qu’en dis-tu ! »
 
A la fin de se diatribe, il sut qu’il l’avait blessé, mieux encore qu’il cédait.

« Qu’est-ce que je devrai faire dans cet hôtel, abdiqua Gabriel.
— Tu le sauras quand tu t’y rendras. C’est un endroit select le prévint-il. Certainement pas de ceux que tu as l’habitude de fréquenter donc habille-toi correctement. En costume, je précise. »

Gabriel rangea les coordonnées et le billet. Il posa les quatre euros de monnaie à côté de sa livraison et s’apprêtait à partir quand il en fut empêché.

« La femme de ménage ne vient pas demain alors jette ça - en désignant sa commande - dans la benne dehors. Je ne veux pas que cette odeur de cuisine s’imprègne ici. »

Cette mesquinerie gratuite clôtura leur passe d’arme.

Un « vlan » résonna dans la rue déserte. Gab’ venait de violemment refermer le couvercle de la poubelle. Il avait tout bazardé, furieux à la fois contre ce conard suffisant et contre lui-même d’avoir obéi sans répliquer. En quelques insinuations bien senties, Duncan l’avait mis sous sa coupe. Il guettait sa moindre petite faiblesse pour s’engouffrer dans la brèche et l’attaquer en maximisant les dégâts. Il fallait qu’il se reprenne, beaucoup trop de chose dépendait de lui. L’avenir du Thobby passait avant son ego bafoué.

Deux jours de plus à gamberger, il tiendrait. Du moins tâchait-il de s’en convaincre. Il ne pourrait pas tout encaisser, il le savait. Il essaierait de mette à profit ce délai pour ériger de nouvelles barrière de défense.

Mercredi arriva vite. Gabriel avait pu arranger les plannings pour se dégager sa fin de journée. Comme il l’avait déjà fait pour profiter des avant-premières auxquelles il était convié grâce au net, cela ne lui fut pas difficile. Non, le plus compliqué avait été de trouver quoi se mettre sur le dos.

Il avait farfouillé dans ses armoires et exhumer le costard qu’il portait lorsqu’il démarchait des entreprises pour faire ses périodes de stage. Il en avait passé des entretiens, engoncé dans cette veste trop lourde. Le pantalon lui allait encore, il en fut soulagé. Les courses en vélo le maintenaient en forme. A ses pieds, il mettrait les derbys qu’il avait achetés sur un coup de tête. Un petit coup d’éponge magique pour leur rendre du lustre, elles feraient parfaitement l’affaire.

Quand il fut l’heure de se préparer, il s’efforça de faire le vide dans son esprit sans grand succès. Il s’habilla, les mains tremblantes de nervosité. Il dût s’y reprendre à trois fois pour faire un nœud de cravate correct. Dans son costume noir, cravate noire, la chemise bleue assortie à ses yeux en rehaussait leur éclat. Devant son miroir pour une ultime inspection, il mobilisa ses forces pour se composer un masque impénétrable. Son reflet lui renvoya un visage blême et fermé. Le rendu sobre de sa mise lui donnait un apparent sérieux qu’il jugea de circonstance. Pour parfaire cette fausse image, il modifia sa démarche, imitant l’attitude des salarymen qu’ils croisaient tous les jours.

Alea jacta est conclut-il en priant pour que tout se termine bientôt. Puis il partit.

****

Hôtel Saturne, 18 H 50

Tout endimanché et le dos raide, il se présenta à la charmante hôtesse de la réception avec une assurance affichée qu’il était loin de ressentir, s’efforçant de jouer son rôle.

« Bonsoir monsieur, l’accueillit-elle d’un invitant sourire. Bienvenue au Saturne.
— Bonsoir, je suis Mr Norris, on m’a dit que vous étiez prévenue de ma venue. » 

Rompue à l’exercice avec le monde qui défilait continuellement à son comptoir, elle avait deviné son état de stress.

« Voulez-vous vous détendre au bar, le temps que je vérifie, lui dit-elle, pianotant déjà sur son ordinateur. 
— Non ça ira. Merci. »

La tentation était grande d’y  faire une descente pour boire cul sec une rasade de leur alcool le plus fort. Mais il se ravisa, sachant les effets désastreux des spiritueux, même en petite quantité, sur son organisme. 

Quelques clics suffirent à la jeune femme pour trouver et lui transmettre l’information.

« Vous êtes attendu à la suite 12, au premier étage. Dois-je prévenir que vous montez ?
— Inutile. Merci.
— Je vous en prie.»

Alors qu’il s’éloignait d’elle, un liftier avait appelé l’ascenseur dont la porte coulissante s’ouvrait déjà pour lui. Il ne put que se jeter dans sa gueule béante, sa tension montant d’un cran à mesure qu’il s’élevait.

Il retint son souffle quand la porte de la chambre s’ouvrit. Il vivait l’instant au ralenti fixant un point dans cet intérieur qui se dévoilait, occultant la personne qui tenait la poignée. Un rire le ramena à la réalité.

« Tu verrais ta tête. Et avec ton allure, c’est pas au croquemort que tu ressembles mais au cadavre qu’il transporte, pouffa Duncan, très détendu, lui. »

Gabriel, trop surpis, ne trouva rien à répondre.

« Viens, entre. »

Reste calme, il joue avec tes nerfs, Gabriel se répétait ce mantra au rythme de ses pulsations cardiaques qui s’était emballé sous l’effet de l’adrénaline. L’autre rigolait toujours se foutant de sa gueule.

« T’as dix secondes pour me dire ce qu’on fait ici ou je t’en colle une et je me casse lui balança-t-il. »

Bravo pour le self contrôle se morigéna-t-il.

« Aucun savoir vivre soupira Duncan de manière théâtrale. Son sérieux retrouvé, il enchaîna. Puisque tu le prends comme ça, dessapes-toi. 
— Quoi !!!
— Allez, à poil, exigea-t-il.
— C’est une blague ? »

Le livreur le fixa interloqué.

« Oui c’est une blague, reconnut-il, après un temps mort. Rassuré. »

Et il s’esclaffa encore, rien de sadique ou de cruel, non un rire franc de celui qui se marre de sa propre vanne. Ce son convainquit Gabriel plus que les mots prononcés juste avant qu’il n’était pas là pour lui servir de jouet sexuel. Un poids énorme s’enleva de ses épaules. Il en profita pour scanner la pièce s’apercevant que le couvert était dressé pour deux.  Ils étaient très probablement là pour un diner de travail, un dossier en évidence sur la petite table du salon étayait son hypothèse. Qu’allait-il devoir faire ?

« C’est bon tu as fini ton inspection ? On va pouvoir passer à table.
— Arrête ton petit jeu Duncan. Mais merde ! Qu’est-ce que tu veux à la fin ?
— Je t’expliquerai tout pendant le repas. J’ai faim. J’espère que toi aussi. »

A souffler le chaud et le froid, Duncan l’avait à nouveau complètement déstabilisé. Il semblait tellement tout contrôler que l’allusion au sexe lui paraissait tout sauf anodine. Puisqu’il était incapable d’anticiper ses manigances, une question le taraudait : jusqu’où serait-il prêt à aller, lui ?

* We are golden est une chanson interprétée par Mika, premier single extrait de son second album The Boy Who Knew Too Much paru en 2009.

 

A suivre…

Dragoun Lou


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