Flic Flack

Publié le par Dragoun Lou

Série: CSI Ny

Couple: /

Grenre
: Angst

Histoire
: Don se fait piégé. Il lutte pour sa vie.

Collection
: Métier: Flic

Public
: tout public

Statut
: One-Shot - fini

Note de l'auteur:
Cet OS est une version corrigée. Pour visualiser la 1ière version, cliquer sur le lien suivant: Instinct.


Flic Flack

Il courait aussi vite qu’il le pouvait mais inéluctablement, il ralentissait. La fatigue avait raison de son endurance. Son front dégoulinant de sueur, le tiraillement de ses muscles et son essoufflement trahissaient cet épuisement. Le poids de son équipement n’arrangeait rien. En temps normal, cette armure le protégeait mais là, elle risquait de lui coûter la vie. Il fallait dire aussi que d’habitude, c’était lui qui collait aux basques des fuyards, avec l’assurance d’avoir une couverture ou du moins, des renforts à proximité pour prendre le relai. Là, il tenait le rôle du gibier. Seul.


S’arrêter pour enlever son gilet en kevlar réduirait à néant tous ses efforts. D’ailleurs, il n’était pas certain de pouvoir repartir après cette courte pause. Et puis, l’autre, trop proche, fondrait sur lui avant même qu’il n’ait pu se relancer dans sa course contre la montre, contre la mort.

Défilant moins vite, les tags couvrant les murs agressaient plus franchement ses rétines de par leurs couleurs criardes, leurs formes acérées et les messages de haine mêlée de misère qu’ils exprimaient. Quelle idée, il avait eu aussi, d’accepter de rencontrer son indic dans cette friche industrielle déserte croulant sous sa lente décrépitude. Il avait su l’appâter avec la promesse de lui livrer une info capitale pour clore l’un de ses dossiers. Les quelques bribes qu’il avait lâchées au téléphone concordaient avec les éléments qu’il détenait. Convaincu de la fiabilité du tuyau, il était venu au rendez-vous.

L’informateur ne s’était pas montré. Au lieu de ça, il l’avait vendu à l’homme à ses trousses, le frère d’un gars, qu’il avait arrêté et qui avait été tué sous les coups et les sévices de ses codétenus.

Il ne se rappelait pas des détails de l’affaire, seulement du jeune, à peine sorti de l’adolescence, qu’il avait interpellé et finalement inculpé. Au cours de l’interrogatoire, il s’était rendu compte qu’il ne tiendrait pas en prison. Il n’était pas fait pour ça, si tant est que quelqu’un le soit. Aussi l’avait-il exhorté à passer un marché pour éviter le pire. Mais cet idiot avait préféré jouer les durs. Et pour quel résultat ! Le milieu carcéral, avide de chair fraîche, n’en avait fait qu’une bouchée. Devait-il s’estimer responsable de cette tragédie ? Non, pour autant se dire qu’il n’avait fait que son travail ne lui ôtait pas ce sentiment d’échec. S’il avait pu le convaincre, il serait toujours vivant et lui n’aurait pas eu à subir la loi aveugle du talion.


Œil pour œil.

Il gardait bien serré son arme, reflexe pour se rassurer car le chargeur était malheureusement vide. Il avait tiré le reste de ses balles dans la dernière salve. Peut-être, parviendrait-il à faire illusion encore un peu.

Désorienté, piégé comme un rat, il n’arrivait pas à se sortir de ce dédale de couloirs. Des bruits de pas calquaient son propre rythme dans un inquiétant synchronisme et une respiration haletante couvrait presque la sienne qu’il tachait de maitriser pour se faire encore plus discret, plus furtif. Le chasseur déterminé grignotait sa maigre avance, s’engageant dans le même corridor alors que lui arrivait au bout.

Il bifurqua à gauche au croisement. Pourquoi la gauche ? Et pourquoi pas ! Boosté par un afflux massif d’adrénaline, l’instinct primait. Rien n'importait plus que fuir pour survivre. Une détonation retentit. Cela lui apprit trois choses : l’autre avait toujours des munitions, et l’intense souffrance dans sa cuisse lui prouva qu’il savait viser. Qu’il choisisse la jambe plutôt que la tête traduisait son envie de poursuivre la partie tout en s’assurant de sa victoire. Pas de doute, il se régalait de cette battue au poulet. Le voir se démener pour lui échapper satisfaisait-il sa soif de vengeance ?

Le policier sentit alors le sol se dérober sous ses pieds. Le plancher vermoulu n’avait pas résisté à son passage en trombe. Il passa au travers pour s’écraser plusieurs mètres plus bas, sonné.

Owen le toisa par le trou béant qu’avait occasionné sa chute. Ivre de douleur, il s’était investi dans sa mission jusqu’à se perdre lui-même. Est-ce du génie que venait la folie ou l’inverse ? En l’occurrence, consumé par son rôle, il jouait avec les nerfs de sa proie avec une virtuosité déconcertante.

— « Hey ! Flic Flack. Pas trop de casse ? »

Flic Flack, encore ! Il répétait ces mots sur tous les tons et tempos depuis, ce qui lui semblait, des heures. Ils étaient mielleusement malveillants, comme on le ferait pour amadouer un animal et endormir sa méfiance pour mieux le capturer. Ils pouvaient être aussi légers qu’un air de comptine pour enfants mais d’une innocence fourbe et dangereuse. L’instant d’après, ils étaient trainants ou secs comme une supplique ou un ordre, soufflant le chaud et le froid dans un climat plus que tendu. Ils métamorphosaient ces locaux délabrés en scène cauchemardesque, où ils se faisaient écho pour se superposer dans une insupportable cacophonie : Flic Flack, flippe le flic, Flack craque et claque, flic qui craque, Flack flique….

— « Tu flippes ou tu claques ? »

Il le tenait en joue et fit feu une nouvelle fois. Le projectile s’écrasa à quelques centimètres de la pommette du détective étendu, suffisamment près pour qu’il en sente son souffle et sa chaleur.

Fier de son coup, le tireur éclata de rire.

— « J’en suis sûr maintenant, tu flippes, Flic Flack. … Ne m’en veux pas de ne pas sauter, j’aurais trop peur de t’écrabouiller en atterrissant sur toi. Je vais prendre l’escalier. Bouges pas, j’en ai pas pour longtemps. »


Le visage s’effaça. Le silence retomba et cela lui fit presque aussi peur que la litanie qui l’avait précédée.

L’attente faisait aussi partie intégrante du jeu. Pour chacun d’eux, les minutes s’écoulaient à la même vitesse et pourtant, pour celui qui avait tout son temps et l’autre qui n’en avait plus à perdre, elles s’égrenaient différemment, agréablement lentement pour le premier, beaucoup trop rapidement pour le second.

Don essaya de remuer un membre après l’autre. Il put se mettre en position assise.

Ça faisait un putain de mal de chien. La douleur irradiait dans tout son corps. Il releva la tête, quittant sa blessure des yeux. Il l'avait rapidement pansée, arrêtant l'hémorragie au moins pour un temps. Il espérait que ça suffirait pour rejoindre la rue et la foule. Pour trouver de l'aide.

Sa cravate lui servait de garrot improvisé mais salutaire, encore une fonctionnalité à ajouter à ce bout de tissu. Cet élément décoratif essentiel à sa panoplie était aussi le sujet à moquerie préféré de son chéri. Il lui répétait souvent « Un Don sans cravate c’est comme un MacGyver sans couteau suisse, le monde ne pourrait plus tourner. » et ça les faisait rigoler tous les deux.

Se remémorer cette anecdote en fit remonter plusieurs avec une netteté terrifiante : lui se déclarant, leur premier baiser, leur première fois, et celle de la nuit précédente. L’étreinte avait été fusionnelle, son corps brûlant, son regard débordant d’amour, et leurs promesses d’éternité accompagnant leur petite mort.

Qu’est-ce c’est ? Il revint soudain à la réalité. Il avait reconnu le son d’un klaxon. Il se mit péniblement debout, se dirigeant vers la source de son salut, conscient de tout ce qu’il ne voulait pas perdre et surtout retrouver.

Pour lui, il y parviendrait.

Pour Danny, il ne renoncerait pas.

— « Flic Flack, t’es pas gentil. Tu aurais pu m’attendre. Où tu vas comme ça.»

Fin


Dragoun Lou

Publié dans Métier: flic

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